a) Les possessions ecclésiastiques

Cité pour la première fois en 757, lors de sa donation par Podal à l'abbaye de St-Gall (Suisse). Le village est mentionné en 1004 lors du don, par Henri II, roi d'Allemagne, de la Hardt à l'évêque de Bâle. De nombreux couvents, en majorité suisses, y ont des possessions: l'abbaye d'Ottmarsheim, dès 1064, jusqu'à la Révolution; le prieuré de St-Alban, vers 1102, jusqu'à la Réforme; le chapitre de St-Ursanne, avant 1139.

Ces deux derniers y avaient des cours domaniales, dont le démantèlement, vers la fin du XIIIe s., coïncide avec le développement pré-urbain de Habsheim.

Le chapitre de St-Ursanne a conservé ses propriétés à Habsheim jusqu'à la Révolution. II était décimateur universel de tout le ban de Habsheim et des propriétés des cours de Habsheim situées dans les finages avoisinants (jugements de 1380, 1381, 1733, entre autres).

On ne sait de qui St-Ursanne détenait ses possessions à Habsheim: de l'évêché de Bâle? de l'empereur d'Allemagne? ou, par leurs intermédiaires, de St-Gall? La bulle confirmative de 1139 est muette à ce sujet. Cependant, dans une formule du IXe s., relative à St-Gall, il est question d'un échange de champs dans le Thurgau contre des vignes et 10 «carrada» de vins en Alsace. Est-ce à dire que St-Gall avait transmis ses biens, dont les vignes formaient une part non négligeable, à St-Ursanne, au moment où celui-ci était encore un monastère, donc bien avant 1119 (année qui a vu sa transformation en Chapitre de Chanoines séculiers), et certainement avant sa ruine (1077-1083). A l'appui de cette hypothèse un passage du rôle colonger de la cour de St-Ursanne à Habsheim (vers 1187): «à moins que les hommes les plus anciens et les plus honorables du dit lieu n'aient proclamé, après avoir été adjurés de dire la vérité, que la cour a été organisée de cette manière depuis les temps anciens, parce que dans cette dite cour des plaids bannaux et généraux doivent être tenus». Simple formule? II semble que non. L'avouerie de Habsheim (sur la cour de St-Ursanne seulement) était détenue au XIIe s. par les Asuel, qui y renoncèrent en 1241.

 

Les autres propriétés ecclésiastiques:

St-Urban (Bâle) XIIIe s.; Ste-Marie-Madeleine (Steinenkloster - Bâle) XIIIe, XIVe, XVIIe s.; St-Leonhard (Bâle) XIIIe s.; Ste-Claire (Kleinbasel) XVe s.; Gnadental (Bâle) XVe s.; Klingenthal (Bâle) XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe s.; Frediger (Bâle) XIVe, XVe, XVIe s.; Grand Chapitre (Bâle) XIVe, XVe s.; Lucelle XIVe, XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe S.; Blotzheim XIVe S.; Jésuites d'Ensisheim XVIIe, XVIIIe s.; Clarisses (Mulhouse) XV e, XVIe s.; Hôpital et divers (Mulhouse) XVIe s.

 

Propriétés seigneuriales

Le territoire de Habsheim résulte du partage du fundus gallo-romain de Habsheim-Sud, qui englobait aussi les bans d'Eschentzwiller et de Zimmersheim. En témoignent: au Moyen Age les bans indivis de Habsheim-Oberdorf-Ratzheim; les limites litigieuses entre Eschentzwiller et Habsheim; l'enclave du Vogelholtz d'Eschentzwiller entre les bans de Habsheim et de Dietwiller; les fixations définitives tardives des limites territoriales entre Eschentzwiller et Habsheim, particulièrement sur la question du partage d'Oberdorf.

Les alleux de Podal à Habsheim comme à Kembs constituent peut-être un héritage de ces domaines. Habs­heim faisait partie des anciens biens allodiaux des Habsbourg qui, eux aussi, étaient groupés autour de la Hardt, qualifiée en 1104 de «saltus» impérial. Si la filiation: Eticonides titulaires du Duché d'Alsace (650- 740), Liutfrides, comtes du Sundgau (VIIIe-Xe s.), et les Habsbourg n'est pas complètement assurée, de fortes présomptions témoignent en faveur de la continuité des possessions territoriales. Les biens donnés vers 1030-1045 par le comte Rodolphe 1er d'Altenbourg, un des premiers Habsbourg, et confirmés en 1064 à l'abbaye d'Ottmarsheim mentionnent ainsi Ottmarsheim, Habsheim, Butenheim, Rixheim, Baldersheim, Blodelsheim, etc.

La parenté de noms entre Habsheim et Habsbourg a excité l'imagination de bien des historiens: est-elle fortuite.    

D'après l'urbaire des Habsbourg, Habsheim faisait partie, en 1303, de la seigneurie d'Ensisheim. Au XIVe s., le village est passé dans la seigneurie du Bas-Landser. Habsheim était le siège d'une prévôté des Habsbourg. Les ducs d'Autriche lui ont accordé, parmi un certain nombre de privilèges qui caractérisent les centres urbains: le droit de mesure (1358), le droit de marché, qui remonte peut-être plus haut encore; protégé par le droit de fortification, attesté en 1468 «Happssheim die mit graben und wehren umbgebene holtzeme Statt». A plusieurs reprises (1468, Guerre de Trente Ans), Habsheim était le siège de camps re­tranchés autrichiens. En revanche, la seigneurie prélevait dès 1303 un péage d'un grand rapport sur la route de Bâle. Dès 1303, le rapport du péage avait été inféodé à des vassaux des Habsbourg, les Huse, puis les Isenheim, les Munch, les Berenfels, les Zu Rhein. La seigneurie possédait aussi le droit d'hébergement en relation avec des redevances en avoines et en poules (Fuder- ou Harthaber et Hühnerzins). L'importance numérique de cette dernière taxe (70 poules), largement supérieure à celle des autres localités, dans les urbaires de 1394 et 1469-1474, incombe au rôle de relais (de l'époque romaine au XVIIIe s., de la mansio au relais de poste) particulier de Habsheim. Cf. le nombre élevé d'auberges (12) vers la fin du XVIe s., début du XVIIe s.! Mais aussi rôle de débouché agricole et commercial d'une fraction non négligeable du Sundgau oriental (cf. la foire de Simon et Jude). La seigneurie se réservait le droit du banvin, d'angal (Umgelt) et le monopole du sel, tandis que les villageois détenaient (en 1004 déjà) les droits d'usage dans la Hardt (glandée; pacage, bois).

Au XIIIe s., on signale les deux cours nobles des Schaler et des Glères. S'agissait-il de fiefs des Habsbourg, comme l'indique un acte de 1513? La cour des Schaler semble avoir été la principale. Ses biens recouvraient les finages de Habsheim, Dietwiller, Eschentzwiller, Rixheim. Elle devait cependant la dîme à St-Ursanne d'après un jugement de 1380. Un règlement colonger du XIVe s., repris à la fm du XVIe s., existe pour la cour des Schaler (cf. aussi Oberdorf).

La tradition fait état d'un ancien château: celui-ci a pu exister sur l'Alsbourg. Le terrier de St-Alban de 1284 mentionne «juxta vallum zer alten burge».

 

La «ville»:

L'avènement de la communauté de village a été amorcé au XIIIe s. La localité de Habsheim n'a jamais vrai­ment atteint le statut de ville, bien qu'elle ait été qualifiée de telle au milieu du XVe s. (en 1468).

La destruction totale de Habsheim en 1468 n'a pas autorisé le développement d'une bourgeoisie citadine et Habsheim est resté un bourg, certes important au XVIe s.

Les deux règlements municipaux, de la fin du XVe s. au milieu du XVIe s., et ceux de 1577, reflètent la structure de la communauté villageoise. Le rattachement, en 1648 de l'Alsace à la France n'apporta pas un changement politique notable et Habsheim partagea les destinées de la seigneurie de Landser, passée en 1648 aux Hervart qui en bénéficièrent jusqu'à la, Révolution. Le canton de Habsheim, formé sous la Révolution (1815), était rattaché à l'arrondissement d'Altkirch jusqu'en 1857, date à partir de laquelle il fit partie de celui de Mulhouse. Habsheim faisait partie du canton de Landser de 1790 à 1795.

 

b) Les troubles Antiquité:

Plusieurs destructions de la villa de Habsheim-Sud: + 166-195, + 260; la dernière à la fin du règne de Constantin vers 330-350.

Moyen Age et Temps modernes:

1409: incendie du village par les Confédérés pendant la guerre avec le Duc Léopold d'Autriche et la ville de Bâle.

1468: occupation, pillage et incendie de tout le village par les Confédérés pendant la deuxième guerre du Sundgau.

1499: nouvel incendie du village pendant la guerre de Souabe.

1525: Habsheim est, avec Eschentzwiller, un des foyers de la révolte. Un camp y est établi par la «bande du Sundgau» en avril 1525.

Guerre de Trente Ans 1618-1648: elle éprouva la localité particulièrement pendant les années 1632-1640, où les habitants désertèrent quasi totalement le village.

Pendant la guerre de Hollande (1672-1679), Turenne y a installé un camp (mai 1674).

Révolution: outre son cortège de réquisitions et de cantonnements (l'église fut transformée en magasin militaire), la Révolution n'eut que des effets limités sur la vie de la localité. Un bataillon de la Garde Nationale y fut constitué en 1792.

1814 et 1815-1818: le village fut occupé par les troupes coalisées.

1914-1918: si la première guerre mondiale épargna la localité elle-même, 40 de ses fils succombèrent dans les rangs des soldats.

1939-1945: la population fut évacuée dans le Gers (Vic-Fezensac) en 1940. Des combats meurtriers se déroulèrent dans la Hardt après la Libération, le 20.11.44, et jusqu'en janvier 1945. On déplora la perte de 27 victimes militaires, 9 disparus et non-rentrés, 4 déportés disparus, 12 victimes civiles. Le 28.12.44, le colonel Fabien, commandant FFI et son état-major cantonné à la mairie trouvèrent la mort dans l'explosion du bâtiment communal.

De nombreuses crises de subsistance, souvent conjugées à des épidémies dévastatrices, accompagnaient ces périodes de troubles. Parmi les épidémies de peste qui touchèrent le village (1313, 1349, 1439, 1609, 1628,1632) on notera celle de 1629, qui emporta en un an 72 personnes (38 adultes, 34 enfants; 51 dans le premier semestre, 21 dans le second), alors que la moyenne des décès, par an, se situait, pour l'époque, à environ 15 personnes.

 

c) Le déclin de l'importance du chef-lieu de canton.

Habsheim, qui depuis les Habsbourg était le siège d'une prévôté (les trois autres étaient; Rixheim, Sausheim, Ottmarsheim) dans la seigneurie du Bas-Landser, abritait plusieurs administrations.

La partition du canton, en cours de réalisation, parachèvera le déclin de Habsheim, depuis longtemps entamé dans les faits: la localité, malgré un redressement démographique récent, est éclipsée par d'autres communes du canton (Rixheim, Riedisheim, Illzach, etc.).